Cloud Computing et Énergies Renouvelables : Amazon joue-t-il avec les faits ?
EN BREF
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Dans son rapport ESG annuel, Amazon prétend avoir atteint son objectif d’alimenter ses activités à 100 % avec des énergies renouvelables sept ans plus tôt que prévu, grâce à des investissements dans 513 projets d’énergie renouvelable. Le groupe se vante d’une augmentation de sa capacité d’énergie renouvelable à 28 GW et d’une réduction de 11 % de ses émissions Scope 2. Cependant, des critiques émergent, notamment de la part du collectif Amazon Employees for Climate Justice, qui accuse l’entreprise de « comptabilité créative » en raison de son reliance continue sur des sources d’énergie non renouvelable, comme les livraisons par camions diesel. De plus, les chiffres liés à sa filiale cloud, Amazon Web Services (AWS), manquent de transparence et ne tiennent pas compte des émissions de Scope 3. Cette situation soulève des questions quant à la véritable durabilité des pratiques d’Amazon dans le domaine du cloud computing et des énergies renouvelables.
Le débat autour de l’impact environnemental du cloud computing et des énergies renouvelables est au cœur des préoccupations actuelles des entreprises technologiques. Amazon, le géant du e-commerce, prétend avoir atteint son objectif d’alimenter ses opérations avec 100% d’énergies renouvelables, mais ce chiffre soulève des questions. En examinant les données, les investissements, et les déclarations des employés, on peut se demander si Amazon joue avec les faits pour embellir son image en matière de durabilité.
Les déclarations d’Amazon sur les énergies renouvelables
Dans son dernier rapport ESG, Amazon a annoncé avoir atteint son objectif de 100% d’énergies renouvelables dans le cadre de son activité. L’entreprise se vante d’avoir investi dans 513 projets d’énergies renouvelables à travers le monde, avec une capacité cumulative atteignant 28 gigawatts (GW). Ce chiffre représente une augmentation substantielle par rapport à l’année précédente. L’argument de l’entreprise est clair : ces investissements permettent de compenser son empreinte carbone et de fournir de l’électricité décarbonée à ses opérations.
Grâce à ses initiatives, Amazon a rapporté une baisse significative de 11% de ses émissions de Scope 2, ce qui correspond à l’électricité achetée et consommée, prouvant ainsi, selon leurs dires, l’efficacité de leurs efforts envers les énergies renouvelables. L’ambition de vouloir être le plus grand acheteur d’énergies renouvelables est une partie intégrante de leur narrative sur la durabilité. Cependant, cette présentation pourrait cacher des réalités plus complexes.
Critiques des efforts d’Amazon par ses employés
Malgré les déclarations optimistes, un groupe d’employés, connu sous le nom d’Amazon Employees for Climate Justice (AECJ), a critiqué l’entreprise pour sa « comptabilité créative ». Selon eux, la manière dont Amazon présente ses résultats et ses engagements ne reflète pas la réalité de ses opérations. Ils insistent sur le fait qu’une entreprise qui utilise massivement des camions diesel et dont les centres de données consomment une quantité d’énergie comparable à certaines villes ne peut pas revendiquer une réussite durable.
Le collectif met également en lumière le fait qu’Amazon investit dans des projets d’énergie renouvelable pour compenser son utilisation d’énergies fossiles dans d’autres secteurs de son activité. Cette approche soulève des inquiétudes quant à l’authenticité de l’engagement d’Amazon envers la durabilité, et à ses véritables objectifs environnementaux.
Les résultats contestés des émissions de carbone
La méthode de calcul utilisée par Amazon pour évaluer ses émissions pourrait bien déformer l’image que l’entreprise souhaite projeter. Les résultats indiquent une baisse des émissions totales de carbone, mais ce chiffre repose sur des méthodes fondées sur le marché, qui permettent d’atteindre des résultats plus favorables en achat de crédits et compensations d’énergie renouvelable. Cela amène ainsi les experts à questionner la validité de ces chiffres et à s’interroger sur l’impact réel des opérations d’Amazon sur l’environnement.
En fait, certains rapports internes détaillent que lorsque l’on applique des méthodes de calcul basées sur la réalité géographique de ses opérations, les émissions de l’entreprise sont bien plus élevées que les chiffres présentés dans ses rapports. Ces contradictions pourraient détourner l’attention des véritables enjeux environnementaux auxquels fait face Amazon.
Le questionnement sur les projets de cloud computing d’Amazon
Amazon Web Services (AWS) est une autre composante qui mérite l’attention. Bien qu’AWS s’efforce d’intégrer des pratiques durables, certains experts soulignent que les progrès réalisés en termes de durabilité ne sont pas suffisamment transparents. La ventilation des émissions de gaz à effet de serre générées par cette branche n’est pas suffisamment détaillée, ce qui rend difficile l’évaluation de son empreinte écologique globale.
Mark Butcher, fondateur d’une société de conseil en durabilité, a souligné que le manque de données spécifiques sur les émissions de la branche cloud limite sérieusement la capacité d’évaluation pour les clients. Les entreprises qui utilisent AWS pour leurs opérations doivent prendre en compte l’absence d’information granularisée au sujet de l’impact environnemental de ces services.
Les enjeux des méthodologies de calcul des émissions
Les chiffres sur les émissions d’Amazon soulèvent de nombreuses préoccupations. La baisse des émissions annoncée pourrait être le résultat de méthodes de calcul biaisées. Une partie des 51,76 millions de tonnes équivalent CO2 indiquée en Scope 3 pour 2023 est largement inférieure à la réalité si l’on considère les méthodes basées sur la localisation. La complexité des calculs rend difficile l’évaluation précise de l’impact environnemental de l’entreprise.
De plus, l’absence d’information pertinente concernant la méthode d’évaluation des émissions de Scope 1, 2 et 3 complique le tableau. Les rapports d’Amazon, avec des montants qui varient considérablement selon la méthode de calcul, laissent penser à une stratégie visant à masquer des vérités dérangeantes plutôt qu’à fournir des données claires sur leur empreinte carbone réelle.
Un outil de mesure des émissions défaillant
AWS a promis d’améliorer l’outil permettant aux clients de suivre leurs émissions de carbone. Cependant, à ce jour, cet outil n’intègre pas les émissions de Scope 3, ce qui limite encore une fois l’exhaustivité des données fournies aux clients. Cette absence d’informations précises sur les secteurs concernés par les émissions de l’entreprise est inquiétante, surtout dans le contexte où de nombreuses entreprises s’orientent vers des pratiques commerciales plus durables.
Les retours d’expérience d’experts tels qu’Adrian Cockcroft, ancien vice-président en architecture de développement durable chez AWS, témoignent de l’insatisfaction croissante face à l’absence d’évolution dans l’outil de suivi des émissions. Le manque d’initiatives significatives dans ce domaine soulève la question de la volonté réelle d’Amazon de faire avancer la transparence de ses pratiques.
Conclusion nuancée sur les engagements d’Amazon
Les investissements d’Amazon dans des projets d’énergie renouvelable et leur engagement à atteindre des objectifs d’énergie durable sont incontestablement positifs. Cependant, un examen minutieux des chiffres et des méthodes employées pour les réaliser révèle des incohérences qui suscitent des interrogations. Parallèlement, l’absence de données fiables sur l’impact d’AWS et la complexité des méthodes de calcul des émissions mettent en lumière des éléments préoccupants.
Alors qu’Amazon se positionne comme un acteur majeur sur le marché des énergies renouvelables, il semble crucial que l’entreprise renforce la transparence de ses actions et clarifie ses véritables impacts environnementaux. En fin de compte, le véritable succès ne peut être mesuré que par des actions réelles et des résultats tangibles, et non par une chaîne de déclarations ambitieuses qui ne tiennent pas compte de la réalité. Ainsi, la question demeure : Amazon joue-t-il avec les faits dans sa quête pour être reconnu comme un leader du développement durable ?
Dans son dernier rapport publié le 10 juillet 2024, Amazon a annoncé avoir atteint son objectif d’alimentation à 100% en énergies renouvelables pour ses activités, avec sept ans d’avance sur l’échéance initiale. Ce succès, revendiqué sur la base d’investissements dans divers projets d’énergie renouvelable à travers le monde, pose pourtant des questions quant à la véracité de ces affirmations.
Amazon a comptabilisé une capacité de 28 gigawatts à travers 513 projets, affirmant que son portefeuille de projets fournissait de l’électricité décarbonée pour ses opérations. Malgré ces déclarations, le groupe Amazon Employees for Climate Justice (AECJ) a émis de vives critiques, parlant d’une « comptabilité créative » de la part d’Amazon pour atteindre ces objectifs. Les employés soulignent que l’entreprise continue d’utiliser un grand nombre de véhicules à diesel et que ses data centers consomment davantage d’énergie que certaines villes, remettant ainsi en question les véritables avancées en matière de durabilité.
Une analyse plus approfondie révèle que, malgré la réduction de 11% des émissions de scope 2, les affirmations d’Amazon semblent édulcorées. Les critiques font état d’un chiffre de seulement 22% d’énergie renouvelable pour les centres de données américains, mettant en lumière un déséquilibre dans la consommation électrique selon les sources.
Les employés d’Amazon insistent sur le fait que les objectifs de durabilité de l’entreprise ne devraient pas être évalués uniquement sur la base de l’achat de crédits d’énergie renouvelable, mais également en considérant les impacts réels de ses opérations quotidiennes. En effet, un représentant de l’AECJ a affirmé : « Tant que tous les camions Amazon que vous voyez sur les routes ne sont pas électriques, les activités de l’entreprise ne sont pas durables. »
En réponse aux critiques, Amazon maintient que ses rapports sont basés sur des données correctes, mais cette défense ne semble pas convaincre ceux qui travaillent au sein de l’entreprise. Les membres de l’AECJ déclarent : « Nous sommes les employés d’Amazon et nous n’acceptons pas la propagande qui surestime les progrès réalisés par l’entreprise. »
Du côté d’Amazon Web Services (AWS), des experts soulignent un manque de transparence concernant les émissions de gaz à effet de serre générées par cette branche. Mark Butcher, consultant en développement durable, appelle à plus de clarté, affirmant que les chiffres associés à AWS sont « encore cachés parmi les totaux de l’entreprise Amazon ».
Un autre point de contention concerne l’évaluation des émissions totales de l’entreprise, qui varie significativement selon les méthodes de calcul utilisées. En effet, des divergences au niveau des scopes révèlent que, alors qu’Amazon annonce une baisse des émissions, d’autres calculs basés sur des méthodes différentes indiquent une augmentation réelle des émissions.
Enfin, l’outil d’évaluation des émissions de carbone d’AWS ne prend actuellement pas en compte les émissions de scope 3. Les experts insistent sur la nécessité d’inclure cette dimension pour une évaluation précise. La critique d’Adrian Cockcroft, ancien vice-président chez AWS, résume bien la situation : « L’outil d’évaluation de l’empreinte carbone des clients d’AWS était embarrassant lors de son lancement, et il n’a pas progressé au cours des années qui ont suivi. »